A mon tour, voici la présentation de ma nouvelle voiture, et comment j'en suis arrivé à passer à l'électrique.
Pour poser le contexte, je roulais auparavant dans un Dacia Duster phase II, moteur diesel 115 CV et boite auto. Une excellente voiture achetée en 2018, économique à l'achat comme à l'usage, fiable, au style "baroudeur" (du dimanche :-)), et dotée d'un grand coffre de 450 litres idéal pour une famille de 4 personnes. Auparavant, de 2011 à 2018, j'avais eu le Duster phase I, ayant les mêmes qualités.
Alors au début de l'été dernier, je commence logiquement à penser à son renouvellement, d'autant qu'il aurait 6 ans en 2024 et que Dacia laisse filtrer les premières images alléchantes de son remplaçant.
Et puis pendant mes vacances, en août, une conductrice étourdie me percute par l'arrière. Elle n'est pas blessée, mais sa vieille Citroën ZX cotée 400 euros meurt sur le coup. Le Duster, lui, est un peu sonné et reste un mois en arrêt maladie chez un concessionnaire Peugeot. Oui, le réseau Renault n'avait pas de place pour lui. Pendant ce temps, l'assureur me fournit en remplacement une fringante Peugeot 208 en finition GT, la plus haute disponible, et la coquine s'amuse à me faire de l'oeil.
De plus, durant cette période, mon quotidien change aussi : je commence à travailler dans une entreprise beaucoup plus éloignée de mon domicile, et mon fils aîné entre au collège dans un nouvel établissement. Tout cela m'amène à passer de 26 à 85 kilomètres quotidiens, voire plus certains jours.
Et là, je mesure le plaisir de conduire une voiture plus moderne et moins spartiate que la Dacia : sièges design, intérieur futuriste, GPS et écran tactile efficaces et finition impeccable, loin des errements des marques françaises d'il y a 30 ans. Le petit moteur, un 3 cylindres je crois, tire très fort et on a l'impression de décoller en quittant les péages. Le tout avec une boite automatique qui fait oublier la torture du levier de vitesse et de la troisième pédale, surtout dans les embouteillages. Quant à son style extérieur, j'adore.
Malheureusement, la belle a un défaut : elle est bien trop petite pour une famille. Le coffre notamment est minuscule. Alors je me renseigne sur sa grande soeur la 308, mais pas de chance, elle me déplait fortement. L'intérieur est très similaire, mais l'extérieur est à mes yeux beaucoup moins sexy. Et vu le prix demandé, dans les 40.000 euros en finition GT, pas question de passer à la caisse sans un vrai coup de coeur.
Alors quand je reprends ma Dacia début octobre, la comparaison est cruelle : si je peux me passer des accélérations car je ne suis pas fan de vitesse, le ronflement du bon vieux diesel Renault K9K parait d'un coup agaçant, le GPS semble sorti du moyen-âge, et les à-coups de la boite auto allemande Getrag sont vite agaçants dans les bouchons.
Oui, quand on approche de la cinquantaine, on commence à se dire qu'un peu de confort, ça a du bon !
Et puis se pose un autre problème, plus terre-à-terre : mon budget carburant explose à environ 300 euros par mois, trajets privés et professionnels confondus.
Pour finir, je n'avais jamais crevé un pneu en près de 30 ans de route, et voici que cela m'arrive deux fois à un mois d'intervalle. Sur la même roue en plus. Comme disait un ancien président, "les emmerdes, ça vole en escadrille".
J'en ai marre, ma décision est prise, il faut tourner la page de l'ère Duster.
Du coup, l'équation à résoudre est la suivante : comment combiner confort, grand volume de chargement et réduction du budget carburant ? Car s'il faut ajouter à ce dernier le coût du crédit d'une voiture neuve, je vais finir par travailler juste pour ça.
Comme souvent chez moi, les gros achats commencent par la lecture de la presse spécialisée. Elle est dithyrambique sur la marque Tesla, alors je regarde en masse des vidéos YouTube pour me renseigner. Le modèle Y me plait esthétiquement, tant sa ligne à l'extérieur que son minimalisme à l'intérieur.
Mais son autonomie réelle de 350 km fait pâle figure comparée au 700 km du Duster. Et son écran tactile lève des angoisses : comment rester concentré sur la route s'il faut chercher dans un menu comment allumer ses phares ? J'ai eu le problème en réglant la ventilation sur la 208 : sans le radar frontal qui m'a fait relever les yeux juste à temps, je revivais ma mésaventure du mois d'août, mais cette fois-ci dans le rôle du coupable.
Côté concurrence cependant, c'est plié : sur le papier tout au moins, aucune voiture n'arrive à la cheville des Tesla Model 3 ou Y en termes de rapport prestations/prix. Le coffre de la TMY est gigantesque, sa liste d'équipements est longue comme le bras, et ils sont tous inclus en série. La Renault Mégane E-Tech est plus chère, plus petite, va moins loin et offre un niveau de confort bien inférieur. Les journalistes qui l'ont testé sont tous formels, et pareille unanimité fait réfléchir.
Pour me décider, je prends RDV pour un essai. J'ai la chance d'habiter en banlieue de Lyon non loin d'un centre Tesla. Arrivé sur place le jour J, je patiente en regardant une Model Y blanche et déjà, la séduction opère. Ces sièges, cet écran tactile géant... Quelques minutes plus tard, je m'assois dans une version Performance couleur rouge Cerise.
Et là, je comprends pourquoi certains disent "tu l'essaies, t'es foutu !". Je pouvais la garder 20 minutes. Je la rends au bout de seulement 10. J'ai la nausée car, n'étant pas habitué au freinage régénératif, la voiture pile lorsque je lève le pied de l'accélérateur. Mais le processus est achevé : pas besoin d'essayer plus longtemps, je ne veux plus rien d'autre.
Aussitôt, je demande un devis au commercial. Revenu chez moi, c'est la ruée sur le site pour demander une offre de reprise pour ma voiture actuelle. Réponse : 9.000 euros, soit la moitié de sa valeur d'origine, alors qu'elle affiche presque 95.000 km et 5 ans et demi. Le bonus écolo expire au 15 décembre, il faut faire vite.
Le commercial me souffle que si j'achète, je peux accéder à des modèles en cours de livraison à prix réduit. Banco, il y en a un qui correspond : un Model Y bleu, intérieur noir, jantes 19 pouces en transit vers Toulon. Mes parents habitent à côté, c'est parfait. On me demande d'aller chercher le véhicule moi-même, en contrepartie la facture baisse de 1.300 euros. Je passe commande tout de suite.
Vient la phase financement. Je mets en concurrence trois entreprises de crédit conso, et opte pour Franfinance, une filiale de la Société Générale. La mensualité pique un peu, mais la baisse drastique espérée de mon budget carburant va la compenser. Et puis la vie est courte, merde !
La suite se passe sur l'application Tesla pour iPhone. Les étapes passent les unes après les autres : il faut réunir pas mal de documents, trouver une assurance (pas plus chère que celle du Duster, à mon grand étonnement), faire valider la reprise de l'ancien véhicule... Je suis contacté par différentes personnes de chez Tesla. Leur premier mail est toujours sympa, mais leur efficacité très variable. Plusieurs ne comprennent pas ce que je leur demande, voire ne répondent pas. Bref, le service n'est pas parfait.
Mais malgré tout ça avance assez vite. Je vois apparaitre le VIN de mon futur véhicule et peut ainsi me rendre compte qu'il s'agit d'un modèle produit à Shanghai.
Rendez-vous est pris le samedi 9 décembre pour récupérer la belle. Je descends sur Toulon, et le jour J, accompagné de mon vieux père, 79 ans et passionné de voitures depuis toujours, je me rends à la concession, pardon, à l'ère de livraison Tesla. Elle est située dans une rue huppée, euh, disons plutôt sur un espace de stockage du port de Toulon. Le "bâtiment" est en fait une simple... tente plantée à côté d'un parking où stationnent des dizaines de Tesla neuves. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la firme ne gaspille pas d'argent dans son réseau de distribution.
Je fais la queue quelques minute, puis une charmante jeune femme me fait signer quelques papiers. Puis elle me dit : "regardez les voitures stationnées, la vôtre est celle dont le coffre vient de s'ouvrir". Mon père et moi allons vers le véhicule en question : c'est bien une magnifique Model Y bleue ! Le rêve, puisqu'il faut bien l'appeler ainsi, se réalise.
L'inspection ne montre aucun défaut apparent. Mais au moment de partir, problème : le niveau de charge est à 5% ! Questionné, un agent Tesla qui passait par là me répond que "pour des questions d'assurance, les transporteurs maritimes qui amènent la voiture de Chine ne veulent pas que les batteries soient chargées, car cela augmente les risques d'incendie". Sauf que Tesla pourrait charger ses voitures une fois arrivées en France !
Donc, je démarre la voiture. Silence total, on roule doucement vers la sortie du parking. Mon père me dit : "cette voiture, c'est un autre monde". Je me dit qu'il a raison, lorsqu'une personne nous fait signe de nous arrêter. C'est une employée de Tesla. Je baisse la vitre. "Excusez moi monsieur, mais je crois qu'on s'est trompés, votre plaque d'immatriculation n'est pas celle de votre carte grise".
Après vérification, effectivement une lettre est erronée. C'est ballot. Je gare la voiture sur le côté, le temps qu'un autre employé refasse des nouvelles plaques. Puis nous sortons enfin du parking, toujours sans le moindre bruit. Je m'arrête et je programme le superchargeur le plus proche. Il est à 6 km. Est-ce qu'on peut l'atteindre ? Heureusement, je me rappelle une vidéo YouTube où un testeur fait rouler une Model 3 jusqu'à la panne sèche : il arrive à faire près de 30 km avec la jauge à zéro !
La Model Y roule sans effort et on arrive au superchargeur, situé sur la parking d'un hôtel. Et là, gloups : une file d'attente de 7 Tesla flambant neuves, toutes sorties quelques minutes avant du même centre, et vraisemblablement toutes au bord de l'extinction. L'attente semble devoir être longue, d'autant qu'il est midi et que ma mère m'appelle pour me dire que le rôti de boeuf est prêt.
Mais heureusement, les utilisateurs font preuve de civisme, et chargent juste ce qu'il faut pour reprendre leur route. En moins d'une heure, nous quittons le SUC avec 30% de batterie. J'arrive chez mes parents avec ma nouvelle conquête, dont voici les photos.
Mes impressions, trois semaines et 2400 kilomètres plus tard ? Une voiture formidable, vous vous en doutez sûrement. Un nouveau mode de vie, fait de confort absolu et de planification d'itinéraire. On vit rivé son smartphone (enfin encore plus qu'avant), avec le taux de charge dans la tête.
Mais une chose est sûre : on ne revient pas en arrière.
… chez nous en Franche-Comté c’est pas la même ! 
